Un ouvrage de référence pour le Naginata.

LE COEUR ET LE CORPS DU NAGINATA

SUNAGAWA Midori, Hanshi, conseillère auprès de la Fédération nationale japonaise de Naginata

Editorial de la revue Kendo, août 2006, de la ZNKR,

Traduction Georges BRESSET, particulièrement à l'intention de Martine DESCHAMPS, Renshi,

Il est supposé que l'avènement à notre monde du Naginata date de la période qui suivit le soulèvement du Oshu (1803-1807), On le vit apparaître comme arme de combat sur les champs de bataille, et compte tenu des bouleversement de l'époque, son histoire évolua par la transmission orale de l'étude du bujutsu vers un élément formateur du budo, tradition culturelle, il est considéré comme un des constituants du budo, hérité du passé lointain de notre pays.

Actuellement, les rencontres de compétition prennent de l'ampleur avec le championnat nationale d'éducation sportive, le championnat interdépartemental, le championnat national de l'école secondaire, le taikai national de perfectionnement budo-garçons et autres manifestations.

A l'école et dans la société, de la prime jeunesse à un âge avancé, dans nos frontières et à l'extérieur, le budo est apprécié pour savoir nous accompagner toute une vie.

En 1995, à été organisé, à Tokyo, le premier championnat du monde avec la participation de 16 nations.

Il est prévu, que l'an prochain, se tiennent en Belgique les 4ème championnats du monde.

En 1955, son autonomie prise vis à vis de la ZNKR, la Zen Nihon Naginata Renmeil a fêté en 2005, le 50ème anniversaire de sa création.

Le crédo affiché de notre fédération met en avant la formation de l'individu : «[notre idéal] est de former harmonieusement à la fois l'esprit et le corps par l'exercice du Naginata».

C'est le propre de sa pratique que d'améliorer la robustesse, la coordination et le mental, mais j'insiste particulièrement ici sur les résultats physiques obtenus grâce à un entraînement soutenu.

Le Naginata, instrument dont la hampe est de bois et la lame de bambou, à peut près 50 cm plus long que notre taille, autorise des manoeuvres pareillement aisées en tous sens.

Ces manoeuvres, riches par leur diversité : furiage (armé), furi oroshi (abattre l'armé), kuri komi (pénétration), kuridashi, moshikae, aboutissent au coup final.

Dans ces procédés, contraction – relâchement musculaire et coordination physique, demandent des aptitudes motrices certaines, Parallèlement à l'acquisition de la technique, l'adaptation du corps demande, à chaque niveau, une réflexion caractéristique de notre discipline, En outre, du corps entier, jaillit un cri vigoureux issu de la respiration qui favorise le courage.

Il est dit qu'évoluer pieds nus sur le sol favorise l'activité cérébrale et provoque une stimulation nerveuse générale. Le processus gestuel systématise une attitude correcte et la réalisation parfaite de kikentai no ichi demande un haut niveau dans l'harmonie du « coeur » et du « corps ».

La progression procède par étapes, lesquelles commencent par les gestes du kihon convenablement réalisés pour aller petit à petit vers de plus hauts niveaux.

Bien entendu, se développent endurance et dynamisme, l'ensemble dégageant, à terme, une allure souple et déliée.

Poursuivre l'étude de ce principe illimité mène à modeler sa propre forme, et par son processus engager à respecter les convenances en maîtrisant son coeur, l'ensemble instaurant naturellement le développement moral.

De plus, le comportement, dans l'entraînement, qui entraîne la démarche de concert de maître et du disciple et l'échange réciproque des talents, mène à respecter la personnalité de l'autre par l'amélioration de soi, et favorise, finalement, la formation d'un être humain utile à la société.

Esprit (kokoro) et corps ne formant qu'un tout en apportant nos sincères efforts à l'entraînement-transpiration (ryukan danren), en en supportant le côté pénible, en découvrant le vrai plaisir d'être ensemble en harmonie et contents de vivre des temps de bonne entente, nous éprouvons mutuellement le charme secret du respect de la vie.

L'unicité du corps et de l'esprit est une pensée de source orientale et je perçois parfaitement l'ampleur de la tâche assignée au Budo, en ces temps d'avenir incertain, qui est de polir, simultanément le corps et le coeur en les dotant de santé, d'équilibre et de force.